Chers camarades, j’ai d’abord un seul mot à vous dire : merci.
Le second va immédiatement à Ségolène pour lui dire : on va, ensemble, gagner pour les Français, j’en suis convaincue.
C’est bien sà»r avec à la fois beaucoup d’émotion et de gravité que je reçois la responsabilité que vous me confiez aujourd’hui en pensant d’abord aux femmes. Aux femmes qui se sont battues avant nous pour qu’existe une parité en politique : après que Ségolène ait été la première femme en France candidate à la présidence de la République, je suis fière au nom de toutes les femmes qui se sont battues d’être la première femme Première secrétaire du Parti socialiste.
Je voudrais dire aussi que je sens une responsabilité lourde, mais cette responsabilité lourde, je ne peux l’accepter que parce que vous êtes là vous les quelque 200 000 militants du Parti socialiste.
Cette responsabilité de premier secrétaire a été tenue par des hommes et des femmes éminents, François Mitterrand, Pierre Mauroy -que chacun comprendra que je salue particulièrement-, Lionel Jospin, Michel Rocard, Laurent Fabius, que je salue, Henri Emmanuelli aussi et bien sà»r toi, François, à qui je pense tout particulièrement ce soir.
Je voudrais d’abord m’adresser aux militants. Aux militants parce que, dans ce congrès, jour après jour, soir après soir j’en ai rencontrés beaucoup, et que tous se sont battus pour ce qu’ils croient profondément, pour les valeurs du socialisme, pour la conviction qu’ils ont que ce qu’ils proposaient étaient les bonnes réponses pour les Français.
Je crois que nous avons su débattre et discuter à la hauteur de ce qu’est notre parti, un immense parti démocratique.
Alors, on peut rire, on peut se moquer de nos débats, de nos discussions mais j’ai envie de dire à la droite : riez encore quelques jours car dès la semaine prochaine le Parti socialiste est de retour dans les rues, et avec des propositions. Et uni.
Je voudrais dire à tous les militants : bravo pour ce travail. Je voudrais dire à Ségolène et à ses amis -dont je comprends aujourd’hui la réaction tout à fait naturelle – que nous avons tous défendu ce que nous croyons juste.
Je crois que si nous voulons changer ce parti, il faut d’abord que nous acceptions cela. Accepter que, dans un grand parti démocratique, nous puissions penser différemment en nous respectant et j’irai même plus loin, penser différemment en nous faisant confiance, en pensant que, en chacun d’entre nous, il n’y a qu’un seul souci, servir les Français et pour servir les Français, servir le Parti socialiste.
Si nous arrivons dans les jours, dans les mois qui viennent, à donner des signes concrets que cette unité du parti et de l’ensemble des militants est possible, ce congrès de Reims restera comme un congrès qui aura permis à notre parti, de changer profondément à un moment o๠le monde a changé et o๠les militants nous ont demandé de changer profondément et de nous renouveler.
Voilà un peu l’état d’esprit qui est le mien.
Les conditions dans lesquelles le vote a eu lieu et les résultats extrêmement serrés qui en découlent ne me donnent que des devoirs. Le premier devoir qui est le mien, c’est, si elle l’accepte, de rencontrer Ségolène. J’ai entendu, comme elle, ce que nous ont dit les militants à Reims et derrière les militants ce que nous ont dit les Français : « nous voulons retrouver la politique et la gauche, nous voulons un Parti socialiste qui nous défende alors que nous n’avons même plus le courage de nous battre car on a l’impression que nos voix ne sont plus entendues par les pouvoirs en place ». Oui, nous allons revenir avec les valeurs qui sont les nôtres, mais aussi avec les réponses d’aujourd’hui, ce qui nécessite beaucoup de travail. Puis, ils nous ont dit : « il faut renouveler profondément le Parti socialiste, ses pratiques, son fonctionnement ». Les voix qui se sont portées sur Ségolène comme d’ailleurs sur Benoà®t Hamon sont aussi des voix qui nous ont dit profondément que certains portaient plus que d’autres le renouvellement.
J’ai intégré cela depuis le premier vote des militants.
Notre prochain Conseil national sera sans doute fixé au samedi 6 décembre. Une ligne politique a été arrêtée avec une majorité lors du congrès, mais que, au-delà de cette ligne politique, ancrée à gauche, qui nous impose d’être sur tous les terrains pour défendre les Français, pour défendre les Français qui sont inquiets devant les licenciements qui arrivent, pour défendre les Français qui perdent en pouvoir d’achat, pour défendre les services publics qui sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, pour être capable dès le week-end prochain d’être auprès de nos camarades des partis socialistes et socio démocrates européens pour changer l’Europe pour un autre monde, d’être capable effectivement d’être sur ce terrain-là et d’y travailler dans une ligne politique ancrée à gauche, il faudra aussi profondément nous renouveler.
Il faut véritablement que, dans les équipes que nous allons constituer, il y ait des changements profonds, il faut renverser la table : bien sà»r de nouveaux visages, des hommes et des femmes de tous les territoires et de toutes les cultures aux couleurs de la France, une parité absolue dans toutes nos instances ; mais aussi il nous faut aussi renouveler nos attitudes, nos comportements, nous rouvrir sur la société, nous rouvrir vers des hommes et des femmes qui ont envie de construire un projet de gauche face à cette loi du plus fort que nous impose le libéralisme, face à cette puissance du financier par rapport à l’économie, face à ces inégalités qui s’accroissent dans notre pays et dans le monde.
Il faut faire appel à eux, il faut le dire, le Parti socialiste est à nouveau ouvert pour travailler avec vous, pour évidemment un projet porté aux Français, mais aussi porté aux Européens pour un autre monde.
Mon devoir dans les heures qui viennent, c’est de faire en sorte que, sur une ligne qui est celle que les militants ont choisi au congrès, nous soyons capables d’être unis dans un mode de fonctionnement que je vous proposerai, o๠les élus trouveront toute leur place. Car rien n’est plus étonnant aujourd’hui de voir combien les Français nous font confiance, là o๠nous sommes et parfois même nous plébiscitent dans nos villes, dans nos départements et dans nos régions et de dire que nous n’utilisons pas cette force extraordinaire des élus et des militants pour construire le projet de demain et là aussi il nous faudra changer nos pratiques.
Nous avons par ailleurs des députés et des sénateurs qui se battent sur le front contre les lois de Sarkozy et même contre les amendements qui arrivent nuitamment pour pousser la retraite à 70 ans. Ces coups-là , nous devons les préparer, il faut que nos parlementaires soient au sein du Parti, il faut que nous débattions avec les présidents des 2 groupes parlementaires, il faut que nous soyons unis pour combattre la droite, mais aussi pour contre-proposer car c’est aussi cela qu’attendent les Français.
Tous les jours on nous annonce un cadeau fiscal pour les plus riches, tous les jours nous apprenons un recul dans le domaine social, que ce soit à la Poste, dans l’audiovisuel, la retraite à 70 ans, le développement du contrat à durée déterminéeâ?¦ Dans nos collectivités locales nous avons à nous battre contre la restriction des crédits et surtout pour accompagner tous ceux qui vivent actuellement des licenciements ou qui vont en vivre.
Nous avons donc le devoir d’être ensemble par rapport à cette situation et de nous mettre au travail pour que, dans deux ans, nous soyons capables d’avoir le projet qui permettra à celui ou à celle qui alors sera choisi de représenter nos couleurs.
Je veux une équipe unie o๠toutes les sensibilités se sentent bien. L’équipe unie ne veut pas dire que l’on oublie ses fidélités, je ne demande à chacun non pas d’oublier ce qu’il est, ce à quoi il croit, la personne à laquelle il est attaché et c’est cela aussi la politique des liens d’affection, de fidélité qui se nouent, je demande à chacun de dire d’abord : nous sommes tous socialistes nous voulons porter en avant notre parti pour que les Français à nouveau aient l’espoir.
Nous avons une feuille de route collective, dès demain, à mettre en place : rassemblement, renouvellement profond, et travail.
Nous allons le faire ensemble pour incarner à nouveau l’espoir. Nous devons être à la hauteur. Je sais qu’il faudra beaucoup de courage et de ténacité mais je sais que chacun d’entre vous pensez actuellement aux militants et aux Français qui voient ce qui se passe depuis quelques jours dans notre parti et se lamentent.
C’est en pensant à eux et en pensant à tous les militants que je dis: rassemblons-nous, unissons-nous autour d’une ligne de gauche, celle que nous avons voulue lors de notre congrès, mais aussi autour d’un profond renouvellement qui fera que le Parti socialiste, si j’osais, s’appelle le nouveau Parti socialiste ; en tout cas qu’il garde l’essentiel, les valeurs de solidarité, d’égalité et de fraternité qu’il a toujours défendues.